4e de couverture :
L'image que nous avons du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle se profile généralement en fonction d'une interprétation idéale du pèlerin. Évidemment, le tableau n'a pas toujours été aussi idyllique et le chercheur prudent se rend bien compte que le pèlerinage ce n'est pas que cela, et que du moyen âge
jusqu’à une époque plus récente, des individus de toute engeance ont voyagé à
côté du pèlerin.
Alors que nous l'imaginons tellement exemplaire et sûr de son chemin, de
son but et de ses intentions, tellement bien accueilli dans les hôpitaux, tellement
fort dans l'adversité, tellement généreux avec les plus démunis, voilà que nous
découvrons le travail de Pablo Arribas et que nous voyons surgir impétueusement
de son livre une compagnie désordonnée, bruyante, criarde, sale, joyeuse,
querelleuse de coquins, gitans, gueux, vagabonds déguisés en pèlerins, mendiants
professionnels, faux infirmes, couples de concubins, prostituées, …toute une
humanité itinérante qui prend dans ses filets, recouvre et étouffe presque notre
pauvre pèlerin.
Il y a aussi le fait qu'à une telle compagnie, hétéroclite et bruyante, vient
s'ajouter la picaresca organisée et institutionnelle de ceux qui veulent profiter du
pèlerinage, qui attendent les pèlerins pour les détrousser, mention spéciale aux
taverniers, aubergistes, hôteliers… tous ennemis historiques des pèlerins, dont la
mauvaise réputation constitue le lieu commun de tous les récits de voyage, lesquels
nous offrent une autre physionomie d'un chemin où la lutte quotidienne pour la
survie semble être une des règles essentielles. Et non moins condamnables, les
agissements de quelques institutions religieuses résolues à multiplier reliques et
dévotions.
Parmi les choses remarquables de ce livre, il y a le langage de l'auteur, riche en
nuances, un peu coquin, empreint d'un certain ton goliard et jovial qui rend
agréable la lecture de ce livre savant et érudit.