Les Béarnais en politique..de Fébus à Bayrou

Les Béarnais cultivent-ils un goût particulier pour la politique et les jeux du pouvoir ? Répondre par l'affirmative paraît tentant, dans le sillage de Léon Bérard qui voyait en eux des "bâtisseurs de royaume pour peu que le destin s'en mêle" ou de Louis Sallenave évoquant "leur facilité à devenir princes". Mais il ne faut sans doute rien exagérer et garder une distance amusée par rapport à cette réputation du Béarnais "grand arrangeur de difficultés" selon les termes de Clémenceau à propos de Louis Barthou.
Sous l'ombre portée de Gaston Fébus et d'Henri IV, nombre de personnages issus de la petite principauté de Béarn se sont pourtant distingués de façon peu ordinaire au fil des siècles, qu'il s'agisse du Palois Bernadotte devenu fondateur de dynastie en Suède, des mousquetaires Athos, Porthos et Aramis qui inspirèrent Dumas ou de ces fils de paysans qui, partis à l'aventure des Indes aux Amériques, essayèrent de s'imposer par le verbe et l'action.
Financiers de génie comme Jean-Joseph de Laborde (ancêtre d'Ernest-Antoine Seillière), négociateur à l'image de Charles Chesnelong, tribuns comme Jean-Louis Tixier-Vignancour ou mêlés aux épisodes les plus secrets de la Seconde guerre mondiale, tel Georges Loustaunau-Lacau, ces Béarnais n'oublièrent jamais leurs racines.
Journaliste à Pau de 1976 à 1983 puis à Paris pendant plus de deux décennies, éditorialiste reconnu, Jean-François Bège a entrepris de raconter l'itinéraire de ces "enfants d'Henri IV" au fil d'une étonnante galerie de portraits accordant aussi une large place aux contemporains, François Bayrou, André Labarrère, Henri Emmanuelli, Alain Lamassoure, Jean Saint-Josse et plusieurs autres protagonistes de l'actualité disposent en effet pour trait commun "d'être du Béarn". L'humour affleure souvent au détour d'anecdotes inédites ou peu connues, sans interdire une réflexion plus large sur les hasards enchevêtrés de l'histoire et de la géographie.