MEILLON Alphonse, Jean-Christophe PIERRE

Enfant de  Cauterets, issu d'une famille  hôtelière, Alphonse Meillon est un des rares grands  pyrénéistes qui  soit né au cœur de la montagne.  Si son  nom ne brille pas  autant que celui des    Russell, Schrader, Cadier, Ollivier, Ravier  ou bien d' autres, c'est que son  activité, si elle  fut d'une incomparable fécondité, ne s'est pas attachée à la conquête de parois ou de sommets   vierges   ou peu connus, mais s'est plutôt tournée  vers des  domaines  moins  spectaculaires mais tout  aussi importants pour la connaissance de nos montagnes comme l'histoire, la toponymie, la cartographie  ou l'édition. 
Alphonse Meillon est né le 30 Août  1862 à Cauterets et fit au   lycée  de Pau  des études un peu écourtées, car ses    parents le destinaient à l’industrie  hôtelière. C'est donc dans ce domaine  que va se dérouler, après une période d’apprentissage, toute sa carrière professionnelle, à l'hôtel Gassion à Pau l'hiver et à l'hôtel d’Angleterre à Cauterets pendant  la saison d'été,  jusqu'à sa retraite en 1928.    Il consacra à la défense, à l'organisation et à la  promotion de sa  profession  une part non négligeable de son activité, accédant même à des responsabilités régionales et nationales en ce domaine. 
Pyrénéen de naissance  et pyrénéiste dans l’âme - il fréquenta dès son  enfance  Emilien Frossard et accompagna en montagne Edouard Wallon. Il fait partie du Club Alpin Français  dont une section  se crée à Pau en 1887.  
Alphonse Meillon a accompli pour la connaissance et la mise en  valeur de sa patrie cauterésienne et de la  chaîne toute entière un  travail  d'une ampleur considérable qui mérite mieux  que le relatif oubli dans lequel il est tombé aujourd'hui.   
Dans le domaine du tourisme il œuvra essentiellement au Syndicat d'Initiative de Pau - dont il fut longtemps le  président - et à la Fédération régionale.
Historien il poursuivit de patientes recherches sur sa  petite patrie et sur l'abbaye de  Saint Savin  dont elle dépendait autrefois. Ces travaux aboutirent à la  rédaction d'une  "Histoire de la vallée de Cauterets"  en deux tomes (le deuxième étant publié après sa  mort).
Toponymiste il étudia les noms de lieux de sa  région natale et publia une  "Esquisse toponymique sur la vallée de Cauterets"   ; il fonda par ailleurs en 1907 la  Commission de Toponymie et de  Topographie Pyrénéenne qui s'efforça de regrouper tous ceux que ces questions intéressaient.
Au Bulletin Pyrénéen, Alphonse Meillon, après  deux ans  de collaboration avec  Francis  Bernard le   rédacteur   en chef, reprendra en 1912 le  flambeau  des mains  de celui-ci et assumera jusqu'à son   décès la  charge   de faire paraître régulièrement cette irremplaçable  revue, ancêtre de l'actuelle     "Pyrénées".
Sous sa  direction le Bulletin Pyrénéen aura une parution régulière, mensuelle d'abord, puis bimestrielle ou trimestrielle suivant l’état des  finances. Meillon s'efforcera de recruter de  nouveaux  collaborateurs, de créer des rubriques nouvelles afin de rendre cette  publication     plus variée et plus attrayante, et d'en faire le  miroir  non seulement du passé mais aussi du   présent  de la vie pyrénéenne. Il n'hésita pas à donner l'exemple et à payer de sa   personne en relatant notamment ses "    Excursions topographiques dans la vallée de Cauterets"  ou ses  "Excursions autour du Vignemale, en plus bien sûr de ses innombrables échos, notes bibliographiques ou éditoriaux, rapports  et compte  rendus divers.  
Topographe et cartographe Alphonse Meillon a poursuivi, à partir  de 1907 et durant plus de vingt ans, des opérations de triangulation et de topographie   absolument   désintéressées qui occuperont ses loisirs   d'été. Le plus souvent seul mais  secondé  par de fidèles porteurs et auxiliaires, il va parcourir inlassablement toutes les hautes vallées dont Cauterets constitue le centre, débordant à l'   occasion  vers les régions voisines, ou l'Espagne si proche.   
Pratiquant très souvent le camping en haute montagne, quand les cabanes  ou les rares refuges sont indisponibles ou inexistants, il va gravir tous les sommets - importants ou non - de la région, ainsi que beaucoup de points secondaires - mamelons, turons,  plateaux - moins intéressants esthétiquement mais précieux d'un  point de vue  documentaire pour ses travaux de cartographie. 
En 1929 parait la première  feuille  "Carte du  massif  du Vignemale et de la région au Sud de Cauterets" , 61 x 52 cm de surface  gravée à l'  échelle  du 20.000° et en trois   couleurs . Les calculs   et le dessin sont de E. de Larminat, les  courbes bathymétriques des lacs français de Ludovic Gaurier . (Henri Barrère  Editeur, Paris).   En 1932, peu de temps  avant sa mort, il achevait une deuxième feuille, toujours à l'échelle du 20.000°,   "Carte de Cauterets et des vallées de Lutour, de Yéret, de Gaube, du Marcadau et du Campbasque".
Considérant ses travaux dans ce domaine comme terminés, il avait remis au Musée Pyrénéen de  Lourdes tous ses  instruments  de géodésie et de topographie ainsi que ses archives pyrénéistes. 
Il décédait à Paris le 22 Février 1933 après quelques semaines   d'une courte  maladie. 
Le 10 Septembre de la même année, sur un ressaut  dominant   le Pont d'Espagne, un  monument   à sa mémoire était inauguré en  présence  d'une foule  de deux cent  personnes. Enfin, par décision   de la Fédération franco-espagnole des  Sociétés   Pyrénéistes, le nom d'Alphonse Meillon était attribué au pic Sud de Chabarrou (2929  mètres), sommet frontalier situé à la jonction des trois vallées du Rio Ara, du Marcadau et de Gaube.

Quelques ouvrages d'Alphonse Meillon:

-  "Cauterets, chasses, excursions" 1897, réédité chez Cairn (2004)

- "Esquisse toponymique sur la vallée de Cauterets" 1911 réédité

- "Excursions autour du Vignemale" , 1928, réédité en 1987 chez Sirius . Récit  des campagnes de mesures en vue du    dressage   des cartes du  secteur Vignemale. Nombreuses notes toponymiques et   iconographie remarquable.

- Carte au 20.000° du massif du Vignemale complétée par la "Notice  sur la Carte au 1/20 000 du Vignemale" (Pau, Garet-Haristoy) 1928, en collaboration avec le   Commandant E. de Larminat.

- Carte au 20.000° des vallées de Lutour, Jéret, Gaube, Marcadau parue en 1933 complétée par la "Notice sur la carte au 20.000° de la région de Cauterets" (1933)

- "Histoire de la vallée de Cauterets" en deux tomes

- "Excursions topographiques dans la vallée de Cauterets"

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