DIEUZAIDE Michel

Fils du photographe Jean Dieuzaide, célèbre pour ses clichés du général de Gaulle et de Salvador Dali, Michel Dieuzaide entame sa carrière derrière l'objectif en tant que préposé aux mariages. En conflit avec son père qui lui transmet pourtant sa passion, il quitte le domicile familial à seulement 18 ans. En 1977, le centre Beaubourg l'engage pour de toutes autres missions : réaliser des portraits filmés d'artistes peintres et de musiciens. L'expérience d'abord fortuite devient vite récurrente et Michel Dieuzaide impose son nom dans le monde du documentaire. Sa passion pour l'Espagne et particulièrement pour sa danse phare, le flamenco, conduit son appareil photo à reprendre du service. Plusieurs ouvrages, dont son 'Compas flamenco' retracent ses œuvres. Photographe globe-trotter, ayant notamment arpenté l'Europe et l'Afrique, il rapporte de ses voyages des clichés entre émotion et réalisme. De 1996 à 2000, à la suite de son père, Michel Dieuzaide reprend la direction du Château d'eau, galerie d'exposition toulousaine qui accueille en 2009 'Quand la lumière tient la plume', rétrospective consacrée à trente années de son travail. Amoureux de l'objectif comme de la caméra, Michel Dieuzaide se forge, à la suite de son géniteur, un prénom dans le domaine artistique. Michel Dieuzaide a dirigé le Château d'Eau de 1996 à 2000 à la suite de son père Jean, fondateur de cette institution en 1974. Il y revient pour exposer une œuvre méconnue, souvent résumée à un travail sur l'Espagne et le flamenco.

"Cette exposition a-t-elle une portée symbolique ?

Le Château d'Eau est un des beaux endroits pour exposer de la photo à Toulouse, c'est tout. En 1996, ça m'était tombé dessus comme ça, c'était presque un piège. J'avais une vie de réalisateur de documentaires bien installée à Paris. Mais j'ai accepté pour faire plaisir à mon père, qui n'avait pas organisé sa succession. A l'arrivée, j'ai perdu beaucoup de temps, sans pouvoir aider suffisamment de jeunes artistes.

On connaît mal votre œuvre…

J'avais envie de porter un regard sur 30 ans de photo, ramasser ma vie, me dire : Tiens, ça, c'est pas mal. La plupart des images n'ont jamais été montrées. Comme dans le livre qui accompagne l'expo, je veux raconter une histoire. La photo, ce n'est rien d'autre que montrer du doigt, présenter ce qui me touche. Cela peut être une chapelle en ruine dans le désert, un jeu d'ombre en Grèce, une femme qui tient une cigarette…

Existe-t-il un lien avec le travail de votre père ?

Bien sûr, je suis tombé dans la marmite tout petit. Sans l'avoir cherché, il m'a appris à regarder, à écrire avec la lumière. Mais, mes relations avec mon père ont toujours été compliquées. Je suis parti de la maison à 18 ans. A Paris, j'ai commencé par des photos de mariage, pour gagner ma vie. Et puis, en 1977, j'ai réalisé mes premiers films sur les peintres pour Beaubourg. Mon père travaillait comme un fou. Moi, j'ai un côté excessivement dilettante. Le plus important, c'est de vivre, de partager du temps avec ses amis, de boire un bon armagnac…"

La Depêche 25/03/2009

Si Michel Dieuzaide a sillonné l'Europe et l'Afrique, il est surtout connu pour avoir trimballé son appareil-photo, pendant plus de trente ans, dans les moindres recoins de l'Espagne. Rien d'étonnant, de la part d'un homme qui a ses racines à Toulouse. Le temps de la Feria -et avec même quelques jours de prolongations- il expose une cinquantaine de ses photographies en noir et blanc relatives à l'Espagne."Aux Espagnes", devrait-on dire, si l'on considère le titre de l'exposition, "Españas". "J'ai publié un livre sur la tauromachie, un sur le flamenco, un sur l'Espagne. Les photos exposées sont extraites de ces trois ouvrages; je montre tous les visages de l'Espagne que j'ai pu croiser en trente années". L'exposition a été montée par l'association "Arte y Toro", qui a pour but de promouvoir la culture taurine, de mettre en valeur les liens entre la tauromachie et les arts. Déambulant au milieu de ses photos, Michel Dieuzaide commente : "Je n'ai pas voulu tomber dans le "topico", le caricatural. Je combats cette idée que les Français ont de l'Espagne : c'est le mythe de "Carmen" qui a foutu en l'air notre conception de l'Espagne".  Même si, pourra-t-on objecter, ce "mythe" n'est pas dévalorisant pour nos voisins. De fait, si certaines photographies exposées évoquent des corridas, elles ne ressemblent en rien à des cartes postales. On voit par exemple des affiches déchirées, dont il ne reste que des cornes de toros, on voit une scène de la Feria de Séville, sous la pluie, avec un toro qui, tout petit sur la photo, bondit entre deux parapluies. On voit encore la dernière corrida d'Antoñete, en septembre 1985 à Madrid : il vient de prendre place dans un taxi, ses admirateurs l'entourent, et il pleure. Et que dire de cette photo de corrida sur laquelle le toro apparaît… sur la cape du torero. Ce ne sont toujours pas des cartes postales, ce Palais de l'Escorial qui se reflète dans une fenêtre de chambre d'hôtel, ces bouteilles vides en rang serré sur une mauvaise table de bar, cadavres de quelque Feria, ou ces portraits d'hommes et de femmes de la rue.  Une exception tout de même : cette Vierge photographiée elle aussi en portrait, et qui possède un aspect étonnamment vivant. On l'aura compris, ces Espagnes-là méritent le détour.

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