Quatre infos insolites sur les Pyrénées !

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Changement d'horizon avec l'almanach des Pyrénées !

Êtes-vous certain(e)s de bien connaître les Pyrénées ?

par Patrice Teisseire-Dufour, auteur de l'Almanach 2021 Les Pyrénées

L'almanach est un outil à la fois pratique et ludique pour simplifier votre organisation quotidienne. Découvrez et redécouvrez nos belles montagnes en compagnie d'une véritable encyclopédie sur les Pyrénées ! Elle vous dévoile jour après jour, l’Histoire, le patrimoine, les traditions du massif, mais aussi plein d’anecdotes et des conseils pratiques (balades, sites remarquables, idées lecture, quizz, recettes…).

La fontaine intermittente de Fontestorbes

La fontaine de Fontestorbes (qui signifie « source dérangée ») s’ouvre en bordure de la route départementale de Bélesta à Fougax-et-Barrineuf. Son intermittence connue depuis l’Antiquité est un des phénomènes hydrologiques les plus remarquables du monde. Elle offre un spectacle étonnant de juillet à octobre : le débit, constant le reste de l’année, devient alors brusquement intermittent, passant de 1 800 litres par seconde à moins de 50 durant une bonne vingtaine de minutes. Les plus téméraires peuvent ainsi traverser la rivière sur les pierres du gué glissant en se tenant à la vieille barrière en fer, et entrer dans la grotte pour y chercher les hadas, les fées qui l’habitent. 

Plus scientifiquement, dans les années 1970, le professeur Alain Mangin, alors membre du CNRS et directeur du laboratoire souterrain de Moulis, a donné des explications sur cette résurgence. Il ne s’agit pas d’un siphon : c’est la présence de deux conduits d’air près du réservoir qui entraîne la variation du débit. Sur place, on peut observer et tenter de comprendre le phénomène grâce à des panneaux et des bornes interactives mises en place sur ce site aménagé depuis 2006.

Y aller : prendre l’A66 jusqu’à Pamiers, puis la N20 vers l’Andorre. Sortir à Saint-Paul-de-Jarrat et suivre la D117 jusqu’à Lavelanet puis Bélesta. Au village, prendre à droite la D9 jusqu’à la fontaine intermittente de Fontestorbes.

Les Fêtes de l’ours

Le 6, ce sont les Fêtes de l’ours à Arles-sur-Tech, le 13 à Prats-de-Mollo, le 20 à Saint-Laurent-de-Cerdans dans les Pyrénées-Orientales. Les fêtes de l’ours ou « diada de l’ós o dels óssos » en Catalogne remontent à 1444. À cette époque-là, en pleine renaissance du paganisme et de la détérioration de communautés monastiques, l’ours se réinstalle face à la religion. Tous les villages de la ceinture du Canigou possèdent leur propre fête de l’ours. Puis Mantet interrompt la sienne en 1870. Céret et Amélie-les-Bains arrêtent aussi dans cette deuxième moitié du XIXe siècle. Les causes sont multiples : l’arrivée du progrès, la concurrence du toro, l’antirégionalisme…

La fête se réfugie dans les fonds de vallée. Tout est basé sur le conte de Jean de l’ours, avec ses variantes. Il y a bien longtemps de cela, un ours cherchant une compagne aurait enlevé une jeune et jolie bergère. Il la gardait prisonnière dans une grotte, cherchant à lui voler son âme et sa virginité. Paysans, chasseurs et bûcherons se mirent à sa recherche. Un combat s’engagea entre la bête et les hommes. Devant leur rage de vaincre et leur nombre, l’ours fut maîtrisé, enchaîné et ramené au village. La fête reproduit la légende. Trois jeunes entre 18 et 25 ans jouent les derniers ours en descendant du fort Lagarde. Noirs de suie et d’huile, revêtus d’une peau de mouton et armés de gros gourdins, ils doivent lancer leur bâton dans les jambes de leurs proies féminines, afin de les faire tomber et de leur « mâchurer » (maculer de noir) le visage. Pour mettre fin à la fureur des bêtes, à chaque fois, le chasseur qui l’escorte tire un coup de fusil.

Entre 16 h 30 et 17 h, douze barbiers, visages enfarinés, habillés de bonnets blancs et de longues chemises de nuit, aiguisent leurs haches sur le pavé ou laissent traîner leur chaîne. Ils décident d’attraper les bêtes et de les enchaîner. Le combat final est livré place du Foiral. Les blancs contre les noirs. Les barbiers rasent l’ours à grands coups de hache. Débarrassé de ses peaux, chaque ours reprend alors une apparence et une attitude humaines sous les hourras de la foule amassée. En un peu plus de deux heures, chacun vient de vivre des sensations fortes et une métamorphose, voire une résurrection bien codifiée. Le carnaval continue le soir même avec un bal et les jours suivants avec la mascarade et le défilé. Mâchurer de noir une adolescente pubère représentait un rite de passage dans le monde adulte. L’ours la dote d’une sexualité. Quand le barbier dénoircit l’ours par le rasage, il le dévirilise, le rend pur pour l’humanité. Une telle fête sert à régénérer l’ethnie, c’est-à-dire tout un village. D’autant que ces villages ont perdu des habitants.

Ça s’est passé le 30 avril 1877 : Charles Cros invente le paléophone

Le 30 avril 1877, Charles Cros, poète et inventeur français né en 1842 à Fabrezan dans les Corbières (Aude), adresse à l’Académie des sciences un mémoire décrivant le principe d’un appareil de reproduction des sons, qu’il nomme « paléophone ». Avant que Charles Cros n’ait la possibilité d’essayer un prototype, Thomas Edison aux États-Unis met au point le premier phonographe. On pense généralement que les deux hommes ne connaissaient pas leurs travaux respectifs. Charles Cros meurt pauvre à Paris en 1888. En hommage à ses travaux, en 1947, son nom est associé à l’Académie Charles-Cros qui remet les grands prix du disque. Dans les années 1980, la Bibliothèque nationale de France (BnF) a choisi à son tour le nom de Charles Cros pour désigner sa collection d’appareils de lecture et d’enregistrement, consultable aujourd’hui au département de l’Audiovisuel du site de Tolbiac. Allez découvrir le musée Charles Cros à la mairie de Fabrezan et lisez ses poèmes dans son recueil Le Coffret de santal.

Le jardin de pierres d’Alas

C’est un endroit plutôt discret. Dans le village d’Engomer (09), tourner à droite juste après le pont sur la D204 en direction d’Alas. Entrer dans Alas et laisser le petit pont à droite. Prendre le chemin
d’en face et se garer. Au lavoir, prendre le chemin entre les maisons. Au bout d’une cinquantaine de mètres, à droite, un panneau indique le jardin de pierres.

On descend sur les berges du Lez, et là, c’est une rencontre extraordinaire. Le jardin de pierres ou la Chaussée des Géants, comme elle est surnommée, révèle une douzaine de sculptures monumentales, des trônes, des autels, qui rappellent les géants de l’île de Pâques, l’art aztèque, et bien sûr l’oeuvre du facteur Cheval dans la Drôme.

Voilà l’oeuvre de Robert Mathey, retraité de l’Aérospatiale qui, durant près de trente ans, a réaménagé les rives de sa propriété avec ces étonnantes réalisations, fruits de son imagination et de ses souvenirs de voyages. Toutes ses oeuvres ont été réalisées avec les matériaux du lit de la rivière : galets, bois, pierres, ferrailles, céramiques… L’artiste est décédé en 2008, à l’âge de 90 ans, mais sa famille a décidé de laisser ouvert aux visiteurs ce petit parcours insolite.

Il existe aussi un autre palais digne de celui du facteur Cheval en Ariège, à Montardit. C’est la chapelle de Notre-Dame de la Goutte, construite entre 1968 et 2001 par l’abbé Piquemal avec l’aide du maçon François Folch Corbi, en galets et pierre locale. Elle est placée au bout d’un chemin ponctué de statuettes religieuses. Depuis 1985, tous les 15 septembre, elle est devenue un lieu de pèlerinage.

  • Envie d'en savoir plus sur les Pyrénées ? Découvrez "Almanach 2021 Pyrénées" de Patrice Teisseire-Dufour à paraître en septembre 2020.

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