4e de couverture :
Toulouse. Steve, passionné de cinéma et de nature, passe le plus clair de ses jours dans un abattoir à étourdir des mammifères pour payer ses sandwiches et ses bières et pour assurer l’avenir de sa fille Cécile.
Il a depuis longtemps enfoui ses rêves d’enfant sous le fardeau quotidien de la réalité. À la suite d’un accident de la route et d’un traumatisme crânien, le monde lui apparaît sous un jour totalement nouveau. Décidé à ne plus rien subir, il découvre avec un délice macabre qu’il peut devenir l’acteur de sa propre vie. Désaxé et hors de contrôle, il se met alors en scène jusqu’à déchaîner contre ses contemporains la violence ordinaire des abattoirs.
Extrait :
Il se dirige vers la salle d’attente, écoute quelques temps radio Classique en sourdine. Le fond musical, censé apaiser la patientèle, n’a aucun effet sur Steve. Ou plutôt un effet contraire, il n’a jamais supporté le classique.
Quand il pense classique, il voit ces gens en smoking ou tailleur, guindés, droit sur leur chaise, applaudissant quand il faut applaudir, tortillant des lèvres pour exprimer leur contentement. Des riches. Des pas de sa caste. Il n’a jamais entendu un gars de l’abattoir raconter son week-end de concert classique à la Halle aux Grains. Et il ne tient pas à l’entendre.
Les potes du boulot et lui, c’est des gars de la base, qui produisent de la matière première, de la barbaque destinée à nourrir la populace, la classe moyenne, et le bourgeois. Pas de distinction. Steve commence à s’énerver et à chercher le haut-parleur d’où provient cette merde en boîte pour le débrancher à vie quand les voix dans le cabinet se font plus fortes. Il dissimule son gros corps dans l’angle de la salle d’attente, entend le docteur Magni qui raccompagne sa patiente.